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Eoliennes offshores et mammifères marins

jeudi 26 mars 2015, par Francois Bouchet

Les projets éoliens en mer connaissent depuis quelques années une augmentation exponentielle en Europe et dans le monde. Les préoccupations autour de leurs effets sur l’environnement sont croissantes, et nécessitent une prise en compte adaptée lors des études réglementaires.

Parmi les préoccupations majeures de ce genre de chantier, les mammifères marins sont des espèces majeures. En effet, leur sensibilité acoustique les rend particulièrement vulnérables aux activités bruyantes menées lors de ce type d’implantation. Par ailleurs, les modifications engendrées sur le site peuvent avoir des répercussions sur l’utilisation qui en est faite par ces espèces. Les mammifères marins bénéficiant d’un statut de protection stricte, tant à l’échelle nationale, communautaire ou internationale, la prise en compte des impacts potentiels sur ces espèces apparait comme essentielle si on veut pouvoir les réduire au maximum.

Lors de l’implantation d’un parc éolien, les effets potentiels sont de différentes natures et intensités :

  • La phase de construction est temporaire, mais génère des effets de fortes intensités et particulièrement au niveau du bruit ;
  • La phase d’exploitation génère des effets de faibles intensités mais elle est en revanche permanente ;
  • La phase de démantèlement est également temporaire, mais les effets générés sont aussi intenses que la phase de construction, voire plus selon les techniques utilisées.

Globalement, on peut classer les effets potentiels générés par un parc éolien sur les mammifères marins en 3 catégories :

  • Les effets physiques
  • Les effets sonores
  • Les effets indirects

Effets physiques

Les effets physiques concernent la modification de l’habitat générée par la mise en place des fondations des éoliennes comme l’augmentation potentielle de la turbidité ou la présence de structures fixes dans le milieu. On retrouve la notion d’effet « barrière » dans cette catégorie, la mise en place d’un parc, et a fortiori, de plusieurs parcs dans des zones proches, peut être à l’origine de perturbation pour les espèces migratrices. L’augmentation du trafic sur la zone durant la construction et durant le fonctionnement pour la maintenance est également à prendre en compte car elle augmente le risque de collision avec des mammifères marins. Enfin, le dérangement engendré, notamment sur les populations résidentes (phoques, grands dauphins…), peut également être mentionné dans cette catégorie.

Effets sonores

Les effets sonores interviennent essentiellement durant la phase de construction et de démantèlement. Ils sont conditionnés par le choix des fondations et la technique utilisée pour les installer. Les fondations de type monopieu sont considérées comme celles générant le plus de nuisances sonores lors de leur mise en place. A l’inverse, les fondations de type gravitaire passent pour être les moins nuisibles. La plupart des retours d’expérience étrangers ont montré une fuite des mammifères marins durant la construction des parcs éoliens en raison des niveaux sonores atteints. Des expériences ont permis de définir que les activités de battage de pieux pouvaient être audibles jusqu’à 80 km de la source pour des espèces comme le marsouin commun. Les impacts résultant de l’exposition à de forts niveaux sonores vont du dérangement à des lésions permanentes, voire létales, en passant par des perturbations comportementales.

Effets indirects

De plus, ces modifications de l’écosystème vont également avoir un impact sur le benthos et les peuplements halieutiques de la zone, ce qui peut avoir des répercussions sur les autres maillons des réseaux trophiques, et notamment les mammifères marins (remise en suspension ou introduction de polluants, départ d’espèces et installation de nouvelles…). Le développement d’un effet « récif » est parfois observé autour des éoliennes, et avec lui le développement de nouvelles zones de chasse pour les mammifères marins.

Enfin, au-delà des différents effets potentiels, il convient de tenir compte de la possibilité de cumul des effets, à la fois entre les différents projets éoliens mais aussi avec les différentes pressions déjà existantes sur la zone (captures accidentelles, trafic maritime, bruit ambiant, polluants…).

En résumé, la mise en place et le fonctionnement d’un parc éolien en mer nécessite la prise en compte des impacts potentiels du projet sur les mammifères marins. Cela passe par la réalisation d’études dédiées et le développement de solutions pour réduire les risques de dommages à ces espèces protégées par la législation nationale et internationale.

Présentation ULR Valor et Observatoire Pelagis

L’Observatoire Pelagis est une Unité Mixte de Service de l’Université de La Rochelle et du CNRS, en partenariat avec le MEDDE. C’est un observatoire environnemental dédié à la connaissance et à la conservation des populations de mammifères marins des côtes françaises à travers la recherche et l’expertise.

ULR Valor est la filiale de l’Université de La Rochelle dédiée à la valorisation des connaissances et des savoir-faire de l’Université.

Ensemble, l’Observatoire Pelagis et ULR Valor ont développé une activité de conseil et d’expertise autour des impacts des activités anthropiques en mer sur les mammifères marins.

Liens utiles

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