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Impacts des éoliennes sur les oiseaux

jeudi 26 mars 2015, par Francois Bouchet

Diverses études internationales ont montré que les parcs éoliens peuvent perturber l’avifaune.

Les impacts connus sont :

  • Le dérangement (effet épouvantail)
  • La perte d’habitat (les oiseaux fuient la zone du fait du dérangement et/ou la modification du milieu entraine une baisse d’attractivité)
  • La mortalité directe (collision avec les pales ou projection au sol par les mouvements d’air)

La perte d’habitat

La perte d’habitat résulte d’un comportement d’éloignement des oiseaux autour des éoliennes en mouvement. En fonction des espèces et de leur mode de vie, ce comportement caractérise :

  • soit une réaction instinctive d’éloignement par rapport au mouvement des pales, ou par rapport à leurs ombres portées (effets stroboscopiques),
  • soit une réaction d’éloignement des sources d’émissions sonores des éoliennes, qui pourraient parfois couvrir les chants territoriaux des mâles reproducteurs.

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Le cercle ayant pour rayon la distance d’éloignement minimale caractérise la surface d’habitat perdu. La distance d’éloignement varie généralement entre quelques dizaines de mètres du mat de l’éolienne en fonctionnement jusqu’à 400-500 m. Certains auteurs témoignent de distances maximales avoisinant les 800 à 1000m. La perturbation est une préoccupation très importante pour des oiseaux nicheurs, et particulièrement lorsque les espèces sont très spécialisées et donc très dépendantes de leur habitat. L’habitat affecté peut alors concerner aussi bien une zone de reproduction, qu’une zone d’alimentation, l’enjeu variant selon la présence d’autres habitats et ressources trophiques disponibles dans l’entourage du site.

Certaines espèces peuvent faire preuve d’accoutumance, en s’habituant progressivement à la présence d’éoliennes dans leur entourage et en réduisant les distances d’éloignement.

La perte d’habitat affecte aussi la période d’hivernage, ou de haltes migratoires, en réduisant, pour les espèces sensibles, la disponibilité des zones de dortoirs ou d’alimentation. L’enjeu varie là encore selon l’importance de la superficie perdue pour la population concernée, l’état de conservation de l’espèce et la disponibilité d’autres habitats favorables dans l’entourage. Le degré de sensibilité varie considérablement selon les espèces et le stade phénologique concerné.

Dérangements, perturbations pendant la phase des travaux

La sensibilité des oiseaux au dérangement est généralement la plus forte au cours de leur période de reproduction. Si les travaux de terrassement ou d’installation des éoliennes ont lieu pendant cette phase critique, ils peuvent remettre en question le succès de la reproduction de certaines espèce sensibles (vulnérabilité des couvées et des jeunes, forte activité des parents) qui peut se traduire par l’abandon de la phase de nidification, voire une perte radicale d’habitat.

De façon générale, les rapaces sont réputés pour être particulièrement sensibles vis-à-vis du dérangement au nid, notamment au moment de la ponte et de la couvaison.

Les perturbations liées à la phase de travaux sont temporaires, mais leurs incidences dépendent là encore du niveau de sensibilité des espèces, des autres pressions anthropiques et de l’attention portée par les entreprises au respect de la biodiversité locale. Certaines opérations de défrichement ou de décapage peuvent impliquer la destruction directe de spécimens protégés.

L’effet barrière

L’effet barrière est une variante des dérangements / perturbations pour des oiseaux en vol. Il s’exprime généralement par des réactions de contournement en vol des éoliennes à des distances variables. Il concerne aussi bien des cas de migration active que des transits quotidiens entre zone de repos et zone de gagnage. Il dépend de la sensibilité des espèces, mais aussi de la configuration du parc éolien, de celle du site, ou des conditions climatiques… Pour les grues, on a pu ainsi observer des distances d’évitement de l’ordre de 300 m à 1000 m. Les anatidés (Canards, Oies…) et les pigeons y sont généralement assez sensibles, alors que les laridés (mouettes, sternes, goélands…) et les passereaux le sont beaucoup moins. Les conditions d’une bonne visibilité sont particulièrement importantes pour anticiper les réactions d’évitement à l’approche des éoliennes.

Au-delà des conditions climatiques, le relief et la configuration du parc peuvent là aussi réduire considérablement cette visibilité, et limiter l’anticipation. Cette réaction d’évitement peut présenter l’avantage de réduire les risques de collision pour les espèces qui y sont sensibles. En revanche, elle peut avoir des conséquences écologiques notables si l’obstacle ainsi créé fragmente un habitat (ex ; séparation d’une zone de reproduction de la zone principale d’alimentation).

Elle peut aussi générer une dépense énergétique supplémentaire notable dans le cas de vols de migration active, notamment lorsque le contournement prend des proportions importantes (effet cumulatif de plusieurs obstacles successifs), ou quand, pour diverses raisons, la réaction est tardive à l’approche des éoliennes (mouvements de panique, demi-tours, éclatement des groupes…).

Mortalité

Si la mortalité aviaire due aux éoliennes est globalement faible par rapports aux autres activités humaines, certains parcs éoliens particulièrement denses et mal placés engendrent des mortalités importantes, avec des risques significatifs sur les populations d’espèces menacées, et sensibles.

À l’échelle d’un parc, même un faible taux de mortalité peut générer des incidences écologiques notables notamment :

  • pour les espèces menacées (au niveau local, régional, national, européen et/ou mondial)
  • pour les espèces à maturité lente et à faible productivité annuelle.

Le taux de mortalité varie en fonction de la configuration du parc éolien, du relief, de la densité des oiseaux qui fréquentent le site éolien, les caractéristiques du paysage du site éolien et son entourage. La topographie, la végétation, les habitats, l’exposition favorisent certaines voies de passages, l’utilisation d’ascendances thermiques, ou la réduction des hauteurs de vols, ce qui peut augmenter le risque de collision.

Les conditions météorologiques défavorables sont également un facteur important susceptible d’augmenter le risque de collision. C’est notamment le cas pour une mauvaise visibilité (brouillard, brumes, plafond nuageux bas…), et par vent fort.

De ce point de vue, les parcs éoliens de Navarre (Espagne), d’Altamont (USA) et de Tarifa (Espagne) témoignent des situations à éviter : des parcs éoliens particulièrement denses implantés dans des zones riches en oiseaux.

L’acquisition de connaissances spécifiques est nécessaire à l’amélioration de l’intégration environnementale des parcs éoliens.